vendredi 5 septembre 2014

Le Rakugo : l'art du conte oral japonais

Arts du conte oral japonais
Taketo IKEUCHI

1.    Introduction
Au Japon, il y a plusieurs sortes d’arts et de traditions de conte oral depuis très longtemps.

Dans cette étude, on présente l’art du conte raconté par un seul conteur.
Il s’agit de « Rôkyoku 浪曲 », « Kôdan講談 » et « Rakugo落語 ».
Ce sont des arts de conte traditionnel transmis de bouche à oreilles.



De nos jours, le Rôkyoku, et le Kôdan sont moins populaires et familiers que le Rakugo.

Quels sont les différances entre ces trois arts ?
Le « Rôkyoku 浪曲 » consiste à faire des narrations et à chanter.
Le « Kôdan講談 » consiste à lire les histoires par cœur.
Le « Rakugo落語 » consiste à faire des conversations.

2.    Rôkyoku
Le rôkyoku est un art de conte oral qui date du début de l’ère Meiji (1868-1912). Un conteur de rôkyoku appelé « rôkyoku-shi » raconte et chante une histoire avec un accompagnement de shamisen, un instrument de musique traditionnelle à trois cordes dont la forme ressemble à une guitare. Autrement dit « Naniwabushi » .

Dans le rôkyoku, on raconte divers histoires : histoires humaines, histoires d’amour, histoires de succès, histoires d’arts martiaux ou histoires drôle par exemple.

Comme caractéristiques, le rôkyoku est composé de parties de chant, le fushi 節 et de narration le tanka 啖呵 ». On exprime les sentiments de personnage et les situations des histoires avec le fushi et les narrations avec le tanka.

La durée d’une histoire est d’environ 30 minutes.

On peut assister au rôkyoku dans un théâtre se situant à Tennôji, à Osaka, « Isshinji monzen rôkuoku yose ; 一心寺門前浪曲寄席 ». Le spectacle se déroule pendant trois jours par mois.
    
Image 1.

3.    Kôdan
Le kôdan est un art de conte oral qui date du 17ème siècle, de l’ère de Genroku (1688-1708) dans l’époque de Edo (1603-1868). On appelle le conteur de kôdan « kôdan-shi ».
Dans le kôdan, on raconte de guerres, exploits, événements historiques et histoires de revenants par exemple. Le kôdan-shi raconte une histoire en frappant une table base « shakudai釈台 » avec un grand éventail « harisen 張り扇 ». En faisant cela, il peut raconter rythmiquement.
    
Image 2.

4.    Rakugo
Le rakugo  est un art de conte oral qui date du 17ème siècle, à l’époque de Edo (1603-1868). On appelle le conteur de rakugo  « rakugo-ka  » ou « hanashi-ka ».
Le premier rakugo-ka est Tuyuno gorôbei 露の五郎米 (1643-1703 ?) avec Yonezawa hikohachi 米沢彦八, Shikanobuzaemon鹿野武左衛門 (1649-1699).

Dans le rakugo, on raconte diverses histoires : histoires drôles, histoires humaines, histoires d’amour par exemple. Comme caractéristiques, le rakugo est un art de conte oral qui fait rire avec un dénouement piquant, l’Ochi 落ち.

Les sujets de contes peuvent se dérouler en tout lieu et en tout temps. De plus, on représente parfois un rakugo dans une langue étrangère comme l’anglais, le français, l’italien par exemple.

4-1 Origine de rakugo

Sakuden shonin (策伝上人1554-1642), un bonze supérieur du temple bouddhiste Seiganji 誓願寺, est considéré comme un des fondateur de rakugo. Ce temple se trouve dans la rue de Nishikyôgoku à Kyoto.

Pour transmettre facilement les enseignements du Bouddha aux croyants, il y a mis de l’humour. Il a rédigé un recueil de contes qu’ il a raconté. Cela s’appelle le « Seisuishô 醒睡笑 ». On dit que c’est l’origine des histoires que les rakugo-ka racontent actuellement.

4-2 Deux catégories
Il y a deux catégories : Kamigata rakugo et Edo rakugo. « Kamigata » veut dire « Kansai », là où se trouve Osaka et Kyoto. Il s’agit du Japon occidental. « Edo » veut dire l’ancien Tokyo.

Le rakugo a été inventé dans le Kansai. Si bien qu’il y a beaucoup d’histoires introduite depuis le kamigata rakugo dans le edo rakugo.

4-3 Où peut-on écouter le rakugo ?
On peut assister au rakugo dans les théâtres de variétés appelés Yose 寄席. Dans le kansai, l’Hanjyô-tei 繁昌亭, dans le kanto, l’Ikebukuro engeijyô池袋演芸場le Shinjyuku suehiro-tei 新宿末広亭 etc… Ce sont les théâtres où on peut y assister tous les jours. On les appelle « Jyôseki 定席 ».
D’autre part, on peut aussi y assister dans des halls, des restaurants, des bains publics, des temples bouddhistes, par exemple. On peut en écouter aussi à la radio et la télévision.

4-4 Pratique de rakugo
Le rakugoka raconte une histoire en s’asseyant avec les jambes pliées sur un coussin, le zabuton ; il n’y a pas de couture sur une seule côté. On tourne ce côté vers les spectateurs. Cela symbolise l’idée qu’il y a toujours un lien continue avec les spectateur, sans rupture.
D’autre part, le rakugo-ka met son éventail devant lui. Il s’agit d’une frontière entre le conteur et les spectateurs. Cela représente l’idée que le conteur et les spectateurs sont de nature différentes. Le rakugo-ka est toujours solitaire.
Le rakugo-ka doit accepter en même temps les liens avec les spectateurs et la solitude, cela veut dire, deux mondes contradictoires.

Le rakugo-ka utilise un éventail et une serviette pour fait un rakugo. L’éventail peut devenir de nombreux objets différents : un pinceau, des baguettes, une tasse à sake (sakazuki), un sabre par exemple. La serviette quant à elle, devient un portefeuille, des billets, une lettre par exemple.

Le rakugo-ka joue plusieurs rôles tout seul en faisant des positionnements différents, kamite (à droite des spectateurs) et shimote (à gauche des spectateurs).

Le rakugo-ka entre en scène, « kôza 高座 », avec une musique qui s’appelle « debayashi 出囃子 » accompagné de shamisen et taïko, le tambour.

4-5 Devenir le rakugo-ka
Il faut d’abord être un disciple d’un rakugo-ka. Pour devenir le disciple, on doit demander directement à un rakugo-ka. Si le rakugo-ka l’admet, on peut  être son disciple et l’entraînement commence. Le disciple devient un rakugo-ka accompli en passant par les étapes suivantes. Il y a une hiérarchie.
En revanche, dans le kamigata rakugo , il n’y a pas de hiérarchie aussi stricte. 3 ans après l’entraînement sous le toit de la maison de maître, le « Uchideshi 内弟子, littéralement le disciple dans la maison du maître », le disciple est devenu indépendant (Nenkiake 年季明け). C’ est l’équivalent de la troisième étape marqué ci-dessous.

Première étape : Apprenti de zenza 前座. Dans cette étape, l’apprenti de zenza doit s’occuper de la vie quotidienne de son maître (shishô) . Il doit faire les travaux ménagers. En même temps, il doit pratiquer le tambour et savoir mettre le kimono, nouer l’obi et plier le kimono.
Deuxième étape : Zenza前座. Dans cette étape, le zenza travaille dans les théâtres de variétés, Yose 寄席 . Il fait un rakugo en premier dans un spectacle. Il doit s’occuper des rakugo-ka qui passent dans le spectacle ; servir du thé, aider à s’habiller du kimono par exemple. En général, cette étape dure environ 4 ans.
Troisième étape : Futatsume 二つ目. Il peut faire un rakugo  en deuxième dans un spectacle. En général, cette étape dure environ 10 ans.
Quatrième étape : Shinuchi 真打ち. Le rakugo-ka accompli. Il a le droit de faire un rakugo en à la fin dans un spectacle. Pour devenir le shinuchi, dans un groupe de rakugoka (il y a plusieurs groupes.), on doit apprendre 100 histoires par coeur. A cette étape, on appelle aussi les shinuchi le maître (shishô 師匠). Ils pouvaient prendre des disciples.

L’entraînement de rakugo
Le maître enseigne de bouche à oreilles des histoires à son disciple. A l’époque où il n’y avait pas de magnétophone, le disciple devait mémoriser une histoire après trois leçons seulement du maître (Sanbengeiko 三篇稽古).
Si le disciple maîtrise 10 histoires enseignées par son propre maître, il peut demander d’apprendre d’autres histoires aux autres maîtres dans le kamigata-rakugo. Les frais des leçons sont gratuits.

4-6 Nombre de rakugo-ka
Dans le kamigata rakugo, il y a plus de 200 personnes, dans le edo rakugo plus de 300 personnes professionnelles, y compris un canadien, Katsura Sanshine 桂三輝, un disciple de Katsura Bunshi 桂文枝. Il est un seul rakugo-ka professionnel étranger qui fait partie de l’association de kamigata rakugo (上方落語協会).  Il y a de nombreux rakugo-ka amateurs dans tout le Japon. Il y a aussi des rakugo-ka amateurs français comme Stéphane Ferrandez et Cyril Coppini.
   
  
Photo 3.

La généalogie de kamigata rakugo est marqué sur une pièce-jointe.



Figure 1. Une scène de « Le disciple de Douraku »


5.    Histoires drôles
On présente ici quelques histoires drôles.


------ Jeannot, qu’est-ce que tu fais là ?
------ Je suis en train d’écrire une lettre à mon frère.
------ Tu rigoles ? Tu ne sais pas écrire....
------ Pas de problème. Mon frère, lui, il ne sait pas lire....


------ Pourquoi Napoléon n’a-t-il jamais déménagé ?
------ Parce qu’il avait un bon appart.

☆    Le médecin en été
 Au milieu de l’été, un des habitants du village de Kashima était tombé malade ; ayant perdu l’appétit, il ne pouvait plus avaler que sept ou huit bols de riz.
 « Il paraît que ton père ne va pas bien du tout. Tu devrais appeler le médecin. » (dit un habitant au fils du père malade)
 - Ce n’est pas possible. Il n’y a pas de médecin dans ce village.
 - Si, il y en a un à Ipponmatsu. C’est monsieur Genpaku. »
 Et aussitôt le fils va chercher le médecin au village d’à côté ; pas tout à fait à côté en réalité puisque quand on passe par le chemin au pied de la montagne, ça fait bien six lieues.

Apprenant la nouvelle, Monsieur Genpaku laisse son travail dans les champs, donne sa boîte à pharmacie à porter au fils du malade et part pour Kashima. Le médecin choisit un raccourci qui traverse la montagne. La montée est rude et quand ils arrivent au sommet, ils se reposent sous un pin. Au moment de repartir...
 Ezhfhozeh
 « Docteur, il fait drôlement noir tout d’un coup ! »
- En effet.
- Et puis il fait drôlement tiède, non ?
- En effet...Ah, zut alors, j’ai entendu dire que dans cette montagne, un boa vivait depuis des siècles. On ne se serait pas fait avaler ? Dans ce cas, il ne nous reste plus qu’à nous faire tout doucement digérer... Ah, j’ai une idée ! La boîte à pharmacie que je t’ai donnée, passe-la-moi ! Dedans, il y un laxatif. Si on essayait ? »

 Le médecin sort la poudre de la boîte, en répand par-ci, par-là puis attend de voir ce que ça donne. Pour le pauvre boa, c’est la première fois de sa vie qu’on lui fait prendre un laxatif. Quel martyr ! Une douleur aiguë lui tord le ventre et il se débat comme un beau diable.
 « Le médicament commence à faire de l’effet. Tu vois la lumière là-bas, c’est le trou du cul. »
 Rzhfojjfpzoefo
 Les deux compères sont expulsés dans l’herbe. Main dans la main, ils dégringolent à toute allure jusqu’en bas de la montagne. Arrivé en bas, le médecin examine sans tarder le malade.
 « Ne t’inquiète pas. C’est une intoxication alimentaire. Il n’y a pas quelque chose dont ton père aurait abusé ? demande-t-il au fils.
 - Il a mangé beaucoup de laitue au sésame. C’est son plat préféré.
 - Ah, ce n’est pas bon. La laitue au sésame est un mets décent, mais en été ça donne mal au ventre. Je vais te prescrire un médicament. Passe-moi ma boîte à pharmacie.
 - Mais je vous l’ai donnée dans le ventre du boa.
 - Oh,zut ! je l’ai oubliée ! Je vais aller la rechercher. »
 Le médecin remonte la montagne pour se faire avaler par le boa une nouvelle fois. Arrivé au sommet, il trouve le boa tout affaibli à cause du laxatif et de la canicule.
« C’est moi, le médecin que tu as avalé ! J’ai oublié quelque chose dans ton ventre. Aurais-tu l’amabilité de m’avaler encore une fois ? »
- Ah non !
- S’il te plaît...
Non ! Un médecin est un mets décent, mais en été ça donne mal au ventre. »

Conclusion
Dans le monde entier, il y a des traditions orales. Par exemple, le griot, est un conteur traditionnel en Afrique de l’ouest. Youssou N’dour, chanteur sénégalais mondial, est né dans une famille de griot.
On communique les histoires de génération en génération.

Le guide est une sorte de conteur. En tant que guide, pour faire mieux comprendre aux clients ce dont on parle, l’apprentissage de la façon de raconter et d’histoires dans la tradition oral, à commencer par le rakugo, puis les autres arts de conte oral, est une aide précieuse.

Non seulement dans le monde d’art, mais aussi dans la vie quotidienne, il y a plein d’histoires communiquées de bouche à oreilles et de générations en générations.

Présenter ces histoires, cela permet une bonne communication parmi les gens.

Pour finir, on présente une légende sur la création du Japon.
Merci beaucoup !

Création du Japon
Il était une fois un couple de deux divinités, Izanagi et Izanami. Izanagi est le mari et Izanami la femme. Ces deux divinités tournent la mer avec une arme en forme de bâton qui s’appelle «Amenosakahoko 天の逆鉾 littéralement l’arme à l’envers du ciel » depuis un pont qui s’appelle « Amanoukihashi 天の浮き橋, littéralement le pont flottant dans le ciel ». Ils sortent le amenosakahoko  de la mer. Depuis l’extrémité du amenosakahoko, des gouttes d’eau de mer tombent dans la mer. Le sel dans ces gouttes se solidifie et forme une île. Cette île s’appelle « Onogoro-jima オノゴロジマ ».
Ils y descendent et commence à accoucher de leur bébés. Les derniers sont les 8 îles : par l’ordre de naissance ;  île d’Awaji, Shikoku(« les 4 pays »), île d’Okinoshima, Kyûshû(les Neuf région ), île d’Iki, île de Tsushima, île de Saga et Honshû(la region principale).

Par la suite, ce couple de divinités continue à donner naissance à leurs bébés.
Un jour, Isanami accouche de la divinité du feu. A cause de cela, elle se brûle gravement et elle est meurt
Isanagi va revoir Isanami dans l’au-delà, « Yominokuni 黄泉の国 ».  Il l’aime toujours. Mais, elle le refuse. Elle ne veux pas lui montrer son apparence toute changée. Il tient tout de même à la voir. Et il la voit. Sa femme a toute changé et est devenue laide. Elle est en colère et essaye de l’attraper. Il fuit désespérément de sa femme en rage. Il réussi à s’enfuir.
Quand Izanagi enlève des souillures de l’au-delà, « Yominokuni 黄泉の国 »,
Depuis son œil de gauche, Amaterasu ômikami est né, depuis son œil de droit, Tsukiyomi no mikoto est né et depuis son nez Susanô no mikoto est né.
Amaterasu gouverne le ciel, « Takama no hara 高天原 ».

Un petit enfant d’Amaterasu, Ninigi no kami, gouverne la terre et y apporte la riziculture, d’après l’ordre d’Amaterasu. Il se marie avec une divinité habitant sur la terre, « Konohanasakuya hime 木花咲耶姫 ». Ce couple donne naissance à deux frères, « Yamasachi hiko 山幸彦 » et « Umisachi hiko 海幸彦 ». Son petit enfant est le premier empereur, « Jimmu Tennô  神武天皇 ». Si bien que Amaterasu ômikami est considéré comme l’ancêtre de la famille impériale.
Cette histoire est écrite dans les deux plus anciens livres de récits légendaires sur l’histoire du Japon, le « Kojiki 古事記 en 712 » et « Nihonshoki 日本書紀 en 720 ».
   
Photo 4.

Notes de références :
・「Douraku musuko (Le disciple de Douraku)」Shougakukan
「どうらく息子」小学館
・「Manuel de fraçais à la radio de la NHK 」
「NHKラジオテキスト フランス語」 
・「France」Hakusuisha
 「ふらんす」白水社
・「Tenno to Jinja」 Mediax 2014
「天皇と神社」 株式会社メディアックス 2014
・Des articles sur Wikipédia
・Des vidéos sur Youtube

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